lundi 28 septembre 2009

Un voyageur allemand dans le Nivernais

Elie Brackenhoffer, ressortissant allemand, voyage en France par voie fluviale. Il embarque à Roanne le 12 avril 1644 et arrive à Orléans le 21 avril. Sur la Loire, il passe par le Nivernais. Il écrit :

Decize est dans le Nivernais ; c'est une petite ville avenante et agréable ; elle a un pont des deux côtés ; elle est sur une île entourée d'eau de tous côtés ; sur les deux ponts, elle a des ponts-levis ; elle est bien munie de portes et de murailles. Il y a aussi une citadelle ou arsenal, et à ce qu'on dit, l'artillerie et le matériel de guerre de tout le Nivernais y sont conservés. La ville est un peu en pente ; le château ou arsenal se trouve au point le plus élevé. Sa situation est gaie ; la ville est sur la rive gauche de la Loire. Les ponts et les maisons sont tout en pierre. Les habitants sont assidus à l'ouvrage, aimables et déférents envers les étrangers ; la gent féminine est là particulièrement belle et bien faite. Sur une tour, près d'une horloge, est écrit : Quid datur a Diuis foelici optatique hora ? Au dessous, sont les ames de la ville, un lion de sable sur champ d'or. auprès est écrit : Hostibus horrendus leo, sed nansuetus amicis. 1622. Cette petite ville est à 9 milles de Belle July et à 7 de Nevers.
Nous avons acheté là des provisions à embarquer, pour 2 francs 2 sols...
Puis nous partîmes, par un vent assez violent, pour Nevers.

J'ai trouvé ce texte dans "Le voyage en France" chez Robert Laffont.

dimanche 27 septembre 2009

Chant d'oiseaux dans le Nivernais


Avril 2008

mardi 22 septembre 2009

Un aperçu du Nivernais en 1630

En 1630, sous le règne de Louis XIII, un voyageur, Jean-Jacques Bouchard effectue un voyage de Paris à Rome. Il publie ensuite son périple où il parle de lui-même à la troisième personne sous le pseudonyme d'Oreste.

Traversant le Nivernais en compagnie d'un Parisien, il écrit :
"Le vendredi, premier novembre, passé par Neuvy, bourg, à une lieue ; à La Selle, à une lieue ; à Cosne, petite ville sur la Loire, à deux lieues. De l'autre côté de l'eau on voit Sancerre sur une montagne. L'on s'arrêta à Cosne, à cause de la fête de tous les saints, et on ouït la messe aux Augustins réformés ; puis l'on dîna, et ce fut là que le Parisien et Oreste en vinrent aus grosses paroles (des insultes) jusqu'à se menacer et vouloir se battre. De là on passa à Maletaverne, à deux lieues ; à Pouilly, à deux lieues ; au Mesnil, à une lieue ; à La Charité, à une lieue et demi, ville mal bâtie, haute et basse et où les rats et les cloches qui sonnaient avec furie pour les morts empêchèrent toute la nuit Oreste de dormir, qui, outre les insolences que lui avaient prodiguées le long du chemin le Parisien, était, de plus, tourmenté d'un gros clou qui lui était venu au replis de le fesse et que la selle du cheval lui avait écorché. Et pour comble, le lendemain 2 novembre, le Parisien lui fourra dans le bourrage de la selle cinq ou six pierres et lui mit un gros morceau de poix dessus ; et la douleur que lui causait ce clou, sur lequel il fallait qu'il s'assît, était si grande qu'elle l'empêcha de s'aviser de cette postiquerie (mauvaise plaisanterie) dont il ne s'aperçut qu'après avoir passé la rue d'Enfer, qui est un chemin à la sortie de La Charité, fort mauvais, et être arrivé à Germigny, distant de deux lieues ; où voulant relever son chapeau, il se sentit collé à la selle. Arrivé pour dîner à Nevers, distant de quatre lieues, l'hôtesse lui ota la poix de ses chausses avec du beurre frais et du fromage dont elle enduisait et couvrait toute la poix, puis elle la lavait et la frottait dans de l'eau bouillante. Oreste au lieu de se plaindre de cet affront, fit le malade pendant le dîner, parce qu'on l'avertit que le Parisien, qui devait rester à Nevers, en querelleur qu'il était, voulait faire quelque insolence et engager Oreste à se battre avant leur séparation. Cette fiction réussit si bien qu'ils se séparèrent sans se dire un mot.
Nevers est une fort belle ville, et qu'on voit de loin, à cause de la quantité de ses tours et de ses clochers fort élevés. En passant, l'on voit la tour de Saint-Cyr, évêché, qui n'est pas moindre qu'une de celles de Notre-Dame de Paris, et toute ornée à l'extérieur de figures et de reliefs de pierre, l'on voit aussi le château qui paraît assez grand et fortifié. En sortant de la ville, l'on passe la Loire sur un très beau et très grand pont de pierre, et l'on voit l'embouchure dans la Loire de la Nièvre, qui donne le nom à la ville. L'on commence, au pays nivernais, à s'apercevoir de la différence du langage, qui est plus court et plus gai que vers Paris. Les paysannes portent toutes des chapeaux, et les paysans vont tous vêtus de toile fort blanche, et se servent de boeufs à labourer et traîner les chariots. Il y a beaucoup de forêts, et le chemin est mauvais principalement à une lieue de Nevers, et, de ce fait, cet endroit s'appelle la rue d'Enfer. De là à Magny, deux lieues ; puis coucher à Saint-Pierre le Moustier, petite ville présidiale (ville où il y a un tribunal d'appel des bailliages), à trois lieues, où commence le Bourbonnais."

J'ai trouvé ce texte dans le livre "Le voyage en France", une anthologie de voyageurs européens du Moyen âge à la fin de l'Empire ; aux éditions Robert Laffont.